Crédit: Julio Bag

Face au deuil

chagrin

Il n’existe pas de manuel décrivant la procédure à suivre pour faire son deuil. Que se soit la perte d’un ami, d’un collègue, d’un membre de sa famille ou de son animal de compagnie, cela engendre en l’être humain un vide. Un vide qui parfois est insoutenable. Chacun de nous se retrouve alors à se dépatouiller dans une boue de douleur engendrée par le départ de l’être aimé.

Un coupable à tout prix

Lorsqu’on perd un être aimé, l’on cherche un coupable à tout prix. Quelqu’un à qui imputer la faute. Ce coupable peut parfois être la mort elle-même, quelqu’un dans notre entourage… La liste est longue. Lorsqu’on ne trouve pas autour de soi, on en arrive à se culpabiliser sois même. Le deuil est un déclencheur de remord, c’est connu. C’est là que des phrases du genre « j’aurais dû être présent ce jour-là, j’aurais dû décrocher quand il m’a appelé, j’aurais dû mieux le surveiller », voient le jour. Là encore, les motifs de culpabilité sont légion. On cherche un coupable parce que dans le cas échéant, la douleur prend ses aises et nous noie peu à peu.

Mais à quoi bon chercher un coupable à tout prix puisqu’à ce qu’il paraît, le temps guérit toutes les blessures ? Oui, avec le temps, la douleur déménagera peu à peu, mais ne vous y trompez pas. Elle ne sera pas très loin. Car à chaque fois que vous penserez à votre perte, elle reviendra roder. Quand cela adviendra et que vous chercherez une bouée de secours, une main à laquelle vous agripper, regardez autour de vous.

Les personnes qui sont encore là autour de nous

A bien des égards, lorsqu’on est frappé par le deuil, il nous aveugle et nous empêche de voir qu’autour de nous, il y a encore des personnes à aimer. Oui, il y a encore des personnes à aimer. Il suffit d’accepter le mouchoir qui vous est tendu, de croire en ce sourire compatissant, d’accepter juste cette présence silencieuse à vos côtés. C’est difficile, mais pas impossible.

Lorsque j’ai perdu mon frère cadet, la douleur m’a fait oublier que j’avais encore une famille. Je me suis enfermée dans un mutisme qui ne dit pas son nom. Je ne saurais dire quand, ni comment j’ai trouvé le courage de lever les yeux, de regarder autour de moi et de continuer par aimer ceux qui étaient encore là. Avouons ! On aurait bien aimé avoir un manuel de procédure qui nous apprennent comment faire son deuil. Mais la réalité est qu’il n’en existe pas. Comme quoi, chacun fait comme il peut !

Prendre le temps de faire son deuil

Comment le sentez-vous ? Envie de pleurer, de hurler, de rester seul ? Vous en avez tout à fait le droit. Je me souviens qu’aux funérailles de mon frère, les gens me disaient « il faut être forte ». Absurde ! Comment être fort face à la douleur ? Pour ma part, je l’ai laissé m’envahir, je l’ai laissé parcourir chaque partie de mon être, je l’ai vécu à fond le temps qu’il fallait. Aujourd’hui, je vais mieux et si vous passez par un moment de deuil en ce moment, sachez que vous irez mieux aussi.

« La nuit n’est jamais complète. Il y a toujours, puisque je le dis, puisque je l’affirme, au bout du chagrin une fenêtre ouverte, une fenêtre éclairée. Il y a toujours un rêve qui veille, désir à combler, faim à satisfaire, un cœur généreux, une main tendue, une main ouverte, des yeux attentifs, une vie, la vie à se partager. La nuit n’est jamais complète. »

Paul Eluard
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Commentaires

Julio Bag
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Article vraiment poignante et une conception graphique bien significative.